Ce matin, je suis allée acheter un jeu d’occasion chez une autre maman. En repartant, elle m’a souhaitée “bon courage” et j’ai réalisé que les choses avaient évolué. Il y a quelques mois, j’en aurais eu besoin de ce courage. Parce que nous avons trouvé la première année difficile. Plusieurs parents de multiples nous avaient prévenus. Parce qu’il a fallu apprendre à se connaître, parce que deux bébés, c’est intense, parce qu’il a fallu que chacun trouve sa place, parce que nous avons manqué de temps… Et pour mille et une autres raisons.

Durant cette première année, j’ai l’impression d’avoir été happée entre joie et détresse. Je me suis sentie tellement de fois seule face aux difficultés qu’étaient celles d’avoir des jumeaux. Les premiers mois, les soins et les rendez-vous médicaux prenaient tout notre temps. Manger et se doucher étaient devenus un luxe que nous n’avions pas.

Papa est retourné au travail sans qu’on ait eu le temps de rien faire. Nous avons deux bébés qui ont énormément besoin de contact, qui font leurs siestes en portage et dorment avec nous. Ce sont nos choix, nous les assumons, mais je reconnais que c’est aussi très prenant. J’ai dû prendre des cours pour le double portage. Pour pouvoir décharger papa et pour qu’il travaille sereinement.
Les premières journées seule ont été très difficiles. Tout le monde pleurait quand papa rentrait et puis ça a été de mieux en mieux. Nous avons pris nos habitudes à 3. Il y a eu beaucoup de chicane avec papa. Chacun de nous avait besoin de plus de temps pour lui mais nous avions l’impression de fournir tout ce qu’on pouvait pour décharger l’autre. Puis, il y a encore peu de temps nous avons revu notre organisation, après une discussion, pour s’adapter et essayer que chacun se sente bien.

J’ai ressenti beaucoup de frustration, aussi, que ce congé parental ne ressemble pas à ce que j’avais imaginé, du moins au début. Je vivais une journée à la fois. Qu’est-ce que ça a été dur de réussir à répondre à chacun de leurs besoins, parfois semblables parfois différents. J’ai dû me faire à l’idée que je ne pouvais pas être égale avec mes deux enfants en tout temps et que ce qui comptait c’est que je leur donne l’attention dont ils avaient besoin au moment voulu. Honteusement, j’ai envié les parents qui n’ont qu’un seul enfant. Ça me semblait plus simple même si, dans le fond, je sais que chaque situation à ses difficultés.

Mais ce matin, j’ai réalisé que je n’avais pas besoin de courage, que notre routine était devenue douce, que nous nous connaissions parfaitement à présent. Je savais que j’allais continuer ma balade, qu’Auguste s’endormirait et que Roméo s’endormirait vers la fin de la balade. Que je continuerais un peu plus pour lui laisser les 30 minutes dont il a besoin. Bien sûr, il y a des jours plus durs que d’autres, mais nos journées sont sereines, calmes, rythmées par nos balades, les repas, les jeux, les siestes, les rires, les découvertes… Et je réalise pleinement la chance que nous avons d’avoir des jumeaux.
Alors, à tous les parents de multiples, mais pas que, je voulais vous rappeler que tout passe et que même si parfois c’est difficile, il y aura toujours un arc-en-ciel qui viendra balayer la pluie.
Elodie L.
Pour en savoir plus sur le parcours d’Elodie: @dedeux_aquatre