Qui suis-je? Ou plutôt, qui sommes nous? Car ces deux bébés, je ne les ai pas fait seule, ni même à deux. Dans cette histoire, il n’y a pas juste lui et moi, il y aussi toute une équipe.
Un jour Chéri me dit “nous n’y arrivons pas, puis tu as bientôt 39 ans”.
Bonjour, je suis Nathalie, et aujourd’hui j’ai 41 ans et je suis la maman des jumeaux, Gabin et Gwladys, qui ont un super Papa, Kévin.
Mais ces bébés là sont un miracle, nous avons du traverser des tempêtes pour aujourd’hui les voir sourire (et pleurer, faut pas se leurrer).
Ça a donc commencé par cette phrase de Chéri. Assassine. Cette phrase, que j’ai entendue, mais pas écoutée. Que veut il dire par “j’ai bientôt 39 ans”? Je suis trop vieille? Non, balivernes!
Mais il faut bien se rendre à l’évidence, presque 2 ans d’essai sans résultats, ce n’est pas normal. Alors que je consulte mon médecin pour tout autre chose, je lui en touche un mot. Elle sait me rassurer, me guider. Elle me dit que prendre un rendez vous avec la PMA n’engage à rien, ce n’est qu’un rendez-vous.
Je réfléchis encore quelques semaines, puis je fini par appeler le centre PMA que le médecin m’a conseillée. Le rendez-vous est pris.
Et tout s’enchaîne. Je n’ai même pas le temps de dire ouf que tous les examens nécessaires sont effectués.
D’autres rendez-vous sont nécessaires pour savoir comment nous allons procéder, il faut que l’on signe des papiers d’accord, que l’on nous explique comment cela va se passer.
Puis ça y est, nous plongeons dans le bain des hormones, enfin surtout moi, les hormones c’est moi qui les prend.
Une quinzaine de jours d’injection plus tard, me voilà les jambes dans les étriers, la vulve à la vue d’une dizaine de médecins (on oublie la pudeur en PMA) et voilà qu’on me ponctionne des ovocytes qui seront fécondés par les spermatozoïdes de Chéri, qui lui, aura fait son recueil le matin-même.
2 jours plus tard, premier transfert, le train est lancé, nous accueillons 2 embryons, nous sommes le 9 décembre 2020.
À quelques jours de Noël, le 21 décembre, la prise de sang indique… Rien. Un échec. Le premier. Joyeux Noël madame!
Nous avons conscience que ce n’est que le premier essai, que c’est rare que ça fonctionne du premier coup, la douche n’en est pas moins froide. Et ce n’est que le début. 2021 s’annonce compliqué.
En Avril 2021, après le transfert de l’embryon qu’il nous restait de la ponction de décembre et qui fût aussi un échec, nous entamons la deuxième FIV.
Mais ça ne se passe pas comme prévu. Le traitement est différent, je le supporte mal, enfin mon humeur le supporte mal, je passe du rire au larmes en deux secondes et je ne produit pas assez pour une ponction… Je n’ai que 2 follicules.

La FIV devient alors une IAC. Le 23 avril, nous patientons en salle d’attente. Chéri est allé faire son recueil tôt le matin. C’est notre tour, ses spermatozoïdes sont déposés dans mon utérus. Dorénavant il faut attendre, 14 jours. C’est long. Et… C’est positif!! Quelle joie, je suis enceinte! Je ne peux pas attendre, je l’annonce autour de moi.
Malheureusement, la grossesse s’arrête à 8 semaines. Je ne regrette pas de l’avoir annoncé “trop tôt”, car j’ai pu avoir le soutien de ma famille, de mes parents, notamment. Mais l’épreuve a été difficile à vivre, je ne voulais plus que l’on recommence. 3 échecs, dont une fausse couche, c’était trop pour moi.
En Août 2021, nous partons en vacances une semaine. Nous rentrons, je suis à quelques jours d’avoir mes règles mais j’ai une drôle de sensation. Je fais un test de grossesse, il est positif ! Une grossesse, naturelle de surcroît ! Le lendemain je fais une prise de sang, nouvelle douche froide. Le taux est positif, certes, mais il est inférieur à 10, deux jours plus tard, le taux est descendu à 2Ui. Je suis bien tombée enceinte, mais il ne s’est pas accroché. Nous sommes en septembre 2021.
Autant dire que le moral s’est fait la malle avec toutes ces montagnes russes que nous avons subit. Car il ne s’agit pas que de moi, Chéri aussi est impliqué, et le vit mal également.
L’espoir est toujours là cependant, mi octobre nous entamons un nouveau protocole pour une IAC. Après l’insémination nous faisons semblant d’y croire, au fond de nous, on sait. En effet, un nouvel échec. Test de grossesse négatif, prise de sang, pas mieux. On tombe encore, alors que nous n’étions pas encore remontés.
2021 doit finir en beauté, ça ne peux pas être autrement, l’année ne peux pas finir comme elle a commencé, ce serait injuste ! Et pourtant… Le réveillon de Noël est là, la prise de sang est logiquement prévue le 25 décembre, mais c’est férié. Dans tous les cas, pas besoin de faire de test de grossesse, mes règles ne sont pas là, mais on sait déjà que ça n’a pas fonctionné. C’est donc le réveillon, et on doit faire semblant d’aller bien, personne ne sait qu’on était en protocole.
En effet le 27 décembre (lundi) la prise de sang indique un beau négatif. Le négatif de trop. Je m’effondre. Je pleure même devant ma responsable. Elle comprend, elle est au courant, m’autorise à rentrer. Je vais voir le médecin qui m’arrête pour la semaine.
Bonne année ! Ça y est c’est 2022. On laisse l’année catastrophique qu’a été 2021 derrière nous. Ce bébé on l’aura. Nous ne croyons plus aux IAC, alors nous regardons les cliniques étrangères pour dons d’ovocytes. Cependant nous décidons tout de même de faire une dernière IAC. Nous n’y croyons absolument pas, dans notre tête nos valises pour la République Tchèque sont prêtes. Les injections, aussitôt faite chaque jour, aussitôt oubliée. Les rendez vous de contrôle, pareil. L’IAC, pareille, aussitôt faite, aussitôt oubliée.
Mais la St Valentin arrive, quelques jours avant j’ai un pressentiment. Alors que Chéri passe le weekend chez sa grand-mère, j’en profite pour faire des tests (nous sommes le 12 et le 13 février, je suis à DPO 9 et 10). Je connais déjà le résultat. Chéri ne sait rien.
Lundi 14 février, je veux lui offrir ce bonheur dont je suis déjà au courant 😊. Discrètement, je vais aux toilettes (le test est déjà prêt, je l’ai sorti de son emballage la veille, afin de ne pas faire de bruit).
“Joyeuse St Valentin mon cœur” lui dis-je en lui mettant le test sous le nez.
Nous sommes heureux, mais hyper prudent, je ne suis qu’à DPO11, on a du mal à être optimiste. J’effectue un autre test le lendemain, c’est toujours positif et plus foncé ! La prise de sang est le 18 février, mais avec mon ordonnance je décide d’y aller un jour avant, soit à DPO 13. Le taux est dingue, 163Ui si je me souviens bien, et il augmente comme il faut aux prise de sang suivante. Quand le taux a dépassé les 1000, rendez vous est pris pour l’échographie.

Nous sommes le 8 mars, et nous patientons dans la salle d’attente. On se tient la main, on tremble, le cœur palpite, bébé est il toujours là ?
Ça y est c’est à nous, la gynéco nous invite à entrer dans son bureau et à s’asseoir pour discuter avant de faire l’écho. Je l’arrête et lui demande de faire l’écho tout de suite, on discutera après, j’ai trop besoin de savoir si mon bébé a le cœur qui bat.
Nous étions loin d’imaginer ce qui va suivre.
Alors que la gynéco confirme que bébé va bien, bonne taille, cœur qui bat, elle veut vérifier quelque chose.
Que se passe t-il? Mon bébé a un problème? Elle bouge la sonde et…
Un deuxième sac! Avec un embryon dedans! De bonne taille et un cœur qui bat! C’est incroyable et tellement inespéré. On se regarde, nous pleurons puis je ris.
Plus personne ne croyait à un succès, que ce soit nous ou le personnel! J’avais moi même rompu avec l’espoir, mais l’espoir, lui, ne m’a pas abandonné. Comme un ami fidèle, il est resté près de nous.
De la grossesse, je n’ai pas grand chose à dire, ce fût une grossesse parfaite, idyllique, en dehors de la fatigue de porter et créer deux bébés, ça c’est très bien passé. Un petit diabète gestationnel mais rien de plus. Je n’ai d’ailleurs rien posté de ma grossesse sur Instagram, les journées passaient et se ressemblaient. Il ne se passait tellement rien, que je n’avais rien d’intéressant à raconter.
Ma seule crainte était de ne pas pouvoir me rendre au mariage de mon frère, j’entamais mon 7ème mois de grossesse. L’avant veille j’ai eu l’accord de mon gynéco, j’ai donc pu faire la surprise à mon frère, qui pensait que je ne pouvais pas venir. Le jour de son mariage, alors qu’il me tournait le dos, je vais lui tapoter l’épaule…

Le 5 octobre, je profite d’une consultation pour signaler que mon corps me démange de partout, que je me gratte surtout au niveau des jambes et des paumes de mains. Une prise de sang est faite et confirme une cholestase gravidique, mais comme je ne suis pas à jeun, le test peut être faussé. Je dois revenir à jeun le lendemain.
Le 6 octobre, une nouvelle prise de sang à jeun cette fois est faite. Je fais bien une cholestase gravidique, ça n’a pas d’incidence pour moi, mais c’est dangereux pour les bébés. Je suis donc hospitalisée en grossesse pathologique et je ne sortirai pas de là sans mes bébés.
Le 7 octobre, c’est mon anniversaire, un ballonnet m’a été posé le matin, pour déclencher l’accouchement. Chéri m’apporte un gâteau avec des bougies, et des cadeaux. Un anniversaire particulier, mais les jums ne naîtront pas ce jour. Je ne deviendrais pas maman de jumeaux le jour de mes 41 ans.
8 octobre, le ballonnet m’est retiré tôt le matin. 2-3h après on m’emmène en salle de naissance. Chéri est là. S’ensuit des heures et des heures de travail, que je ne sens même pas. J’étais loin de m’imaginer que rien ne se passerait comme “prévu”.
21h30 environ, tout bascule. Gabin a bien la tête en bas, mais regarde vers les étoiles. On le sait depuis quelques heures, mais personne semblait s’en inquiéter. Sauf que… L’équipe change, c’est la sage femme de l’équipe du soir qui s’interroge vraiment sur la position de Gabin et demande l’avis d’un médecin.
“Césarienne d’urgence, code orange”
Quoiiiiiiiii??!! Comment ça césarienne? Et c’est quoi ce code orange?? Qu’est ce qui se passe? Pourquoi il y a des dizaines de gens d’un coup autour de moi? Pourquoi on me branche de partout? Où est Chéri?? Pourquoi il n’est pas là?? “Il se prépare, il arrive” qu’on me dit. Je pleure, je tremble, j’ai froid.
Code orange, Gabin doit sortir dans les 30 minutes qui suivent! J’ai peur. Chéri arrive, ouf… un peu de reconfort. Tout le reste, la césarienne, la naissance de Gabin et Gwladys, se passe très bien. Ils vont très bien. Moi, j’ai été secouée par la précipitation, émotionnellement, physiquement. Je vais bien. Je suis maman de jumeaux à 41 ans et je vais bien. On va tous bien et c’est ce qui compte le plus.
Sachez tout de même que, devenir mère, ce n’est pas simple. J’ai mis beaucoup de temps a réaliser que j’étais maman. Aujourd’hui encore parfois j’ai toujours du mal à y croire. Mais tout ça au final, c’est beaucoup de bonheur 💕
Nathalie C.
Pour en savoir plus sur le parcours de Nathalie, maman de jumeaux à 41 ans: @breizh_twins_family.pma