Ohlala, Ohlala, Ohlala…. j’ai répété ça jusqu’à ce qu’on pose notre P’tite Lo contre moi. Notre P’tit No l’a rejointe 21 minutes plus tard dans mes bras. Et là, le temps s’est arrêté, je ne pensais plus à rien. Je profitais à 100% du moment de notre rencontre, tous les quatre, enfin ensemble, réunis! J’ai finalement rejoint ma chambre avec nos deux p’tits loups et P’tit chou vers 20h30. Je commençais alors mon “vrai” rôle de maman la nuit… et seule (restrictions dues au Covid, P’tit chou ne pouvait pas rester avec nous…grrrrr!!). Et là, seule dans ma chambre, soudain, je me suis dit: “wow! ça y est! on y est!“. Un peu perdue, fatiguée, déboussolée surtout par cette journée folle et remplie d’émotions… Et incroyablement comblée par nos deux p’tits loups qui dormaient à mes côtés et que je regardais attendrie comme jamais. Je n’avais pas dormi depuis 4h ou 5h du matin et je n’allais pas dormir beaucoup encore cette nuit….et les nuits suivantes! Mon postpartum débutait là, maintenant!

Postpartum et organisation
Bien avant mon arrêt de travail suite aux complications de ma grossesse gémellaire, mes collègues de l’étage d’en-dessous, spécialistes de la maternité, m’avaient conseillée et avertie pour vivre au mieux mon postpartum, surtout avec des jumeaux: “Repose toi bien avant la naissance, et une fois qu’ils sont nés, dors le plus possible avec eux ou pendant que tu allaites!“. Ça c’était pour la gestion de la fatigue.
Allaient avec ces conseils, d’autres qui se couplaient avec l’organisation. Et oui, bien organisée, j’aurais plus de temps (et d’opportunités, surtout) pour me reposer: “Fais toi aider! Si quelqu’un vient te rendre visite demande lui de t’amener un repas, ou de te faire un peu de ménage, une machine, etc. plutôt que de t’apporter des cadeaux pour les bébés!” Effectivement, c’était toujours ça en moins à faire. Demander en cadeau de naissance de l’aide pour toutes ces p’tites tâches obligatoires du quotidien qui m’empêcheraient de me reposer, de dormir avec bébés, était un super conseil.

A la maternité
Cette première nuit, seule, je repensais à tous ces conseils. J’allais essayer de les mettre en pratique dès maintenant à la maternité. Mes premiers pas de maman (…de jumeaux), étaient assez vertigineux, très hésitants, teintés de “bon! Concrètement, comment on fait avec deux p’tits loups?” Ils étaient en même temps emprunts d’excitation, d’émerveillements, et remplis de ces grands “wow!” à chaque mouvement de nos deux p’tits loups. Pas facile de sauter dans l’inconnu mais je devais foncer. Et c’est ce que j’ai fait cette première nuit, tête baissée, portée par l’allégresse et également fragilisée par les émotions (et la chute d’hormones, aussi!).
Il m’a fallu faire des choix dès la première nuit, notamment pour leurs tétées. Car nos deux p’tits loups rencontraient beaucoup de difficultés à téter, et il fallait absolument qu’ils mangent. Surtout notre P’tite Lo qui était considérée comme un bébé prématuré du fait de son poids en dessous de 2kg500 (2kg365, on n’était pas trop loin). Faire des choix dès les premières heures alors qu’on ne sait pas c’était plutôt déstabilisant. Pour le mode d’alimentation de nos deux p’tits loups, P’tit chou me laissait gérer et choisir. Le plus important, pour lui, était qu’ils se nourrissent correctement. Pour moi, le plus important était d’allaiter (je vous parle de mon allaitement mixte ICI).

Comment dormir pendant la tétée (souvenez-vous des conseils de mes collèges de travail) alors qu’il faut aider nos deux p’tits loups, les accompagner pour qu’ils apprennent? Impossible! Comment gérer la fatigue qui s’accumule avec l’énergie considérable que j’ai déployée jours et nuits pour qu’ils arrivent enfin à téter? Oui! comme me l’ont dit les puéricultrices, j’ai tout essayé et tout donné! (J’ai foncé, vraiment) Et comment se reposer vraiment lorsque le moment de la tétée, déjà difficile, dure bien plus d’1h? Cette semaine à la maternité, j’ai tout donné, sans ménagement pour trouver un rythme, pour les nourrir au mieux en fonction de mes envies de maman mais surtout en fonction de leurs besoins.
Lorsque P’tit chou n’était pas avec nous, les sages femmes et/ou puéricultrices m’aidaient (les droits de visites étaient autorisés entre 14h et 18h… Bien sûr, il partait le plus souvent vers 20h-21h). Les 4 premiers jours, je sonnais à chaque fois qu’un de nos deux p’tits loups se réveillait pour manger. Pour avoir de l’aide, un appui surtout et conforter mes choix. Puis j’ai appris à avoir confiance en mes choix, à me faire confiance! Pour le reste (le change, les soins… et surtout les câlins!) je m’en sortais plutôt haut la main.

Mon niveau de fatigue était à son paroxysme. Je m’étais un peu (beaucoup!) abandonnée pour trouver ce fameux rythme qui nous simplifierait la vie une fois à la maison, pour que tout roule. Je ressentais bien sûr une fatigue extrême et je faisais au mieux pour tout gérer et me reposer de temps en temps avec nos deux p’tits loups… J’avais surtout hâte de retrouver la maison, hâte que P’tit chou soit avec nous tout le temps et que nous soyons enfin, et encore, tous les quatre dans notre bulle…Et P’tit chou aussi était impatient.
A la maison
“Bon, euh… on s’organise comment avec nos deux p’tits loups ET les tâches domestiques?” Ça c’est ce qui m’a traversé l’esprit durant le trajet en voiture entre l’hôpital et la maison. Une autre étape du postpartum! Mais, en fait, j’avais déjà bien dégrossi la question de l’organisation à la maternité, au moins au niveau du rythme de nos deux p’tits loups. Le plus gros était fait. Nous étions bien organisés pour eux, une douce et agréable chorégraphie au moment de leurs repas.

Une fois à la maison, nous avons rapidement trouvé notre rythme. En fait nous n’avons pas eu à trop nous poser la question de l’organisation. Cela s’est fait naturellement comme pour la fin de ma grossesse. P’tit chou était resté une dizaine de jours entiers avec nous (Euh… non! Le congé paternité n’existe pas en Polynésie française et heureusement qu’il était son propre patron). Autant vous dire qu’après 3 semaines de séparation, cette période a été une vraie bouffée d’air pour moi, pour me retrouver aussi en tant que femme et pas uniquement maman H-24.
P’tit chou gérait le plus gros des tâches domestiques: ménage, courses, préparations des repas! Il s’occupait aussi des tétées avec moi (allaitement mixte). Moi, je gérais les machines essentiellement et nos deux p’tits loups principalement. Et ça roulait bien comme ça! Bien organisés, et moi plus sereine, je trouvais un peu plus facilement le temps de me reposer avec nos deux p’tits loups.

L’organisation bien calée, nous prenions le temps de découvrir nos deux p’tits loups. Nous apprenions à les connaître mieux. Et les impressions que nous avions eu alors qu’ils étaient encore dans mon ventre se précisaient, voire se confirmaient très vite. Nous avions décelé leur caractère dès la grossesse! Ça c’est fou! Notre P’tit No était un bébé plutôt calme, assez facile. Il avait besoin de contacts et de câlins souvent et se réveillait plus la nuit pour manger que notre P’tite Lo. Elle, c’était une chipie, assez indépendante, très éveillée (dès la naissance d’ailleurs) et qui ne voulait pas trop dormir le soir. Mais une vraie marmotte une fois endormie. Deux anges bien différents!
Postpartum et prise de poids
On n’en parle pas assez je trouve! Oui, les kilos contre lesquels je lutte encore aujourd’hui sont la conséquence de ma fatigue postpartum et non de ma grossesse gémellaire!
Oui! Mon corps avait changé. J’ai eu la chance de ne prendre que 13 kg pendant ma grossesse gémellaire. Nausées pendant cinq bons mois, estomac rétréci par nos deux p’tits loups au creux de moi, le goût sucré qui ne passait plus aussi bien qu’avant, pas de rétention d’eau (alors que c’est le nerf de ma guerre en temps normal!)… Bref! Toute une combinaison de choses qui m’a permise de ne pas prendre beaucoup de poids. En sortant de la maternité, j’ai quand même demandé une balance. Verdict: -10kg une semaine après l’accouchement (ne vous emballez pas les filles, mon ventre avait toujours la forme d’une grossesse gémellaire à 4/5 mois…lol). Malgré mon ventre encore distendu, il ne me restait que 3kg à perdre… et à tout raffermir aussi!

Mais c’était sans compter sur la fatigue qui a bien fini par nous envahir. Après dix jours entiers avec nous, P’tit chou s’est remis en route vers le travail. De mon côté, je gérais un peu plus de choses à la maison pour pallier son absence de la maison la journée. Et puis, pour ce qui est de l’aide de nos éventuels visiteurs (les conseils de mes collègues de travail, vous vous souvenez?), le confinement s’en était occupé…! Après plusieurs semaines, la fatigue a eu raison de nous!
Alimentation et… reprise du sport?
La volonté de P’tit chou de cuisiner le soir se perdait au fur et à mesure des semaines qui avançaient. Ils s’endormait même parfois avant nos deux p’tits loups… Nous avons alors facilement basculé (bien que très progressivement) du côté obscur des livraisons de repas…facile mais pas très sains. Parfois même deux fois par semaine.
Quant à moi, j’essayais de reprendre progressivement le sport en même temps que ma rééducation. Ma volonté était là mais je devais me reposer avant tout, pour pouvoir être sur le front avec nos deux p’tits loups toute la journée…et peu à peu toutes les nuits aussi. Quand P’tit chou m’a dit un jour, en rentrant du travail, qu’il s’était endormi dans la voiture. Lorsqu’il m’a avoué, un autre jour, avoir oublié de mettre la sécurité sur une machine dont il se servait pour travailler. Là, j’ai vu le danger que sa fatigue représentait… Et j’ai assuré les nuits entières aussi!

Pour la reprise du sport, ce n’était pas gagné! Avec la volonté, j’y arrivais parfois, pas longtemps. 15 minutes par-ci par-là et ça me suffisait pour sortir un peu de la routine tout en prenant soin de moi. Mais dès que je reprenais le sport mon corps me faisait signe: stop! Alerte douleurs musculaires, contractures, etc. Bref, j’ai commencé à évacuer autrement… en mangeant un peu plus de produit sucrés. Postpartum: 1, P’tite Mam: 0!
C’est à partir de cette période-là que j’ai ressenti le besoin de partager mes doutes, ma fatigue, mes états d’âmes, de recevoir un peu de soutien de la part de parents de jumeaux. Nous étions au 2ème mois de postpartum, confinés, et la solitude se faisait parfois sentir. Bien sûr, P’tit chou était là, plein de réconfort et de force à me donner. Mais je me disais que savoir comment faisaient les autres parents de jumeaux, échanger de temps en temps, pourrait m’aider un peu à affronter mes journées. Je n’ai pas trouvé cette aide, et j’ai continué à compenser ma fatigue en mangeant un peu plus de chocolat, notamment (classique, non?)!

Heureusement, je faisais partie de celles qui se déplacent à vélo. Je me disais alors que je pourrais effacer ces écarts alimentaires dès la reprise du travail. Je pourrais faire mon sport cinq fois par semaine matin et soir (bon…on en reparle après!).
Retour au travail
Après un peu moins de 4 mois à profiter pleinement de nos deux p’tits loups (oui, malgré la fatigue, c’est que du bonheur d’être avec eux), je reprenais le travail. Et oui, les lois en matière de congés maternité sont différentes en Polynésie française. Nous ne sommes pas autant chouchoutées qu’en métropole lorsque nous sommes maman de multiples. Nous sommes considérées comme une maman d’unique (16 semaines) et avons droit à une extension de trois semaines, à condition d’en faire la demande…

Donc après presque 4 mois, vlan! La reprise! J’enfourchais mon vélo (ravie de le retrouver), et me voilà repartie au travail. Toute notre organisation qui s’ébranlait, plus le temps de rien, un autre rythme à trouver. La crèche pour nos deux p’tits loups (une épreuve pour maman), pendant 11h (grrr), le tire-lait au travail, la réadaptation à un rythme de bureau qui semblait ne plus me correspondre, les collègues, faire bonne figure malgré la fatigue… et la fatigue qui gagnait encore du terrain!
Les repas de midi à la boulangerie par manque de temps et surtout par facilité (fini les p’tits plats préparés par mes soins pour midi). Mes déplacements en vélo qui cessaient brusquement après dix jours pour contractures. Merci Madame fatigue! Je l’ai laissé m’envahir. Résultats: + 6kgs… de gras!!!!!!
Et notre P’tite Lo qui reprenait son rythme de nourisson la nuit! J’avais le sentiment que mon postpartum continuait encore et encore. Non ce n’était plus possible, il fallait réfléchir à un plan. Faire en sorte que je sois plus en harmonie avec mes besoins et mes envies. Je devais retrouver un équilibre! Je pensais dès ce moment-là à une reconversion professionnelle.
Postpartum et renversement de situation
Si je devais résumer mon postpartum, cela tiendrait en quelques mots: bonheur immense de cette nouvelle vie de famille à quatre, fatigue extrême et gros décalage! Un gros décalage par rapport au rythme que la société m’imposait. Accoucher de nos deux p’tits loups, prendre un peu de temps pour les découvrir… Et puis, les laisser à la crèche 11h par jour pour repartir au travail, faire bonne figure car être maman de jumeaux est fascinant pour les gens et “c’est génial!”

Oui, c’est génial! Et j’avais besoin d’être encore près d’eux. J’avais envie de temps, besoin d’être encore une maman présente. Je ressentais ce manque d’eux, je n’étais pas sevrée! Ce rythme imposé par la société augmentait ma charge mentale et mon mal-être! Et puis, il faut dire qu’avec cette fatigue intense, je n’avais plus ni l’énergie ni l’envie de consacrer mon temps à autre chose qu’à mon rôle de maman (et de femme aussi…quand même!). Il fallait que je réagisse et vite!
A l’évidence, j’avais changé. Mon nouveau cerveau de maman réclamait la présence de nos deux p’tits loups. Je ne me sentais plus à ma place au travail (il faut dire que l’accueil à mon retour a manqué de tact, professionnellement parlant!). Ma vision de la vie avait changé! Pour mieux gérer la fatigue et ménager mon attachement à nos deux p’tits loups, j’avais besoin d’un emploi du temps maniable. Un emploi du temps sans horaires imposés et que je pouvais régir moi-même! Un nouveau souffle professionnel avec plus de liberté! C’est cela dont j’avais besoin pour retrouver mon équilibre. Je ne renouvelais donc pas mon contrat de travail.
Mon postpartum, et surtout cette fatigue extrême que j’ai ressenti pendant mon postpartum, avait finalement bousculé ma vie, notre vie. La fatigue avait eu raison de moi, de mon corps (j’y travaille encore) et de ma raison; elle était destructrice. Je luttais contre cette chose qui ne m’appartenait pas entièrement. Mais à partir du moment où je l’ai acceptée et que je l’ai intégrée à mon quotidien, elle est devenue mon alliée pour évoluer, avancer et trouver ma voie.

Aujourd’hui, je suis à part entière, et essentiellement, une maman et j’adore ça! Je suis aussi une femme, une épouse bienveillante pour P’tit chou. Je prends le temps de vivre. Et progressivement, je prépare ma reconversion professionnelle. La naissance de nos deux p’tits loups et le fait d’être devenue leur maman a été un déclencheur. Ils ont réveillé la femme qui sommeillait en moi, celle que je suis aujourd’hui.
Ce postpartum reste une période unique, faite de hauts et de bas. Des évènements dont nous avons su tirés les enseignements pour évoluer et faire encore des choix. Des choix de vie qui nous correspondent mieux pour l’équilibre de notre famille et notre équilibre en tant qu’individus. Un bilan très positif!
Et vous, quel bilan faîtes-vous de votre postpartum?
[…] avec notre envie de les emmener balader en pleine nature. Avec deux bébés, une maman en grosse fatigue postpartum et P’tit chou plutôt mal mené par les exigences de son travail, nous n’avions pas […]
[…] je vous le disais dernièrement (ICI), je ne renouvelais pas mon contrat en Polynésie française. D’une part parce que je ne me […]
[…] avec ma sage-femme, professeure de yoga, mais sans plus. Pourtant, il est vrai que pendant le postpartum, beaucoup de p’tits maux surviennent, souvent même amplifiés par la […]
[…] bien avant la naissance de nos deux p’tits loups… et immédiatement après, avec le postpartum. Elles ont été rythmées par les sonneries de réveil, par leurs pleurs et par les tétées et […]
[…] tous cas, c’est mon expérience. Cette première nuit en tant que nouveaux parents, quelques heures après leur venue au monde, P’tit chou et moi avons déjà du faire un choix […]
[…] Être en route vers notre nouvelle vie de parents avec nos deux p’tits loups. Attaquer le postpartum […]
[…] premiers jours, même très fatiguée, et parce qu’elles étaient souvent avec moi, j’arrivais à suivre et à donner aux […]